|  | Littérature sur Internet : Revue de presse et d'opinions |   |  |
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Tèf pianoteur à deux doigts

Inscrit le: 20 Déc 2004 Messages: 676
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Posté le: Lun Mar 26, 2007 11:20 am |
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Voilà quelques mois que je sens (impression bonne ou fausse) que le monde littéraire commence à s'intéresser aux écritures dites "nouvelles", dites "du net". Surtout, j'y vois une petite évolution, loin des réticences ou craintes de naguère.
L'histoire commence ainsi.
Au printemps 2006 et après un an d'écriture sur le Net, François Bon sort "Tumulte" chez Fayard. A l'origine il n'était pas prévu que Tumulte devienne livre. Je me suis dit : Tiens, c'est bien.
Dans la foulée, le même F.Bon s'est mis à parler de son expérience et des écritures brèves, en fragments (il retient Kafka notamment et d'autres).
Janvier 2007, en entendant parler de "Microfictions" de Jauffret, je me suis dit : Tiens, c'est marrant. 500 récits et qui forment un "roman", l'auteur y tient à cette appellation. Alors il est déstructuré, dépourvu d'une trame narrative, me suis-je dit. C'est marrant, on en rencontre beaucoup sur le net, de ces récits. Pour autant, Jauffret dit bien que le Net n'est en rien une influence. Doublement intéressant, me suis-je dit, si ces considérations ne se rencontrent pas seulement sur le Net, ils pourraient bien y avoir entre le Net littéraire et notre époque, un écho.
Et récemment (12 mars), Patrick Bazin, directeur de la bibliothèque municipale de Lyon et chroniqueur sur le site de Livre Hebdo se dit que le livre ne saurait être forcément adapté aux nouvelles littératures en faisant une équation livre=roman :
Citation: | "C’est pourquoi dans notre imaginaire d’occidentaux parvenus au sommet de la culture livresque, derrière tout livre, même le moins littéraire, il y a, en abîme, la présence du roman.
[...]
A moins que la vraie question, soit plutôt celle-ci : y aura-t-il encore un sens à vouloir reproduire une telle expérience dans l’ordre numérique , c’est-à-dire dans un contexte où la distance qu’implique toute représentation n’aura sans doute plus la même pertinence (cf. le colloque récent de Daniel Bougnoux sur la représentation), où la plongée dans l’expérience directe du flux des échanges, de la vie même, ne rendra plus désirable le recours à la catharsis d’un théâtre de poche ?
[...]
De nouvelles possibilités, qui sont aussi de nouveaux défis, se présentent à nous : celles d’une information de plus en plus complexe, diverses et volatile ; celle d’une créativité personnelle qu’il devient possible (nécessaire ?) d’exprimer dans un cadre d’emblée mondialisé. Il est de moins en moins évident que le livre puisse correspondre à une telle perspective. Son avenir lui échappe déjà sans doute.
http://www.livreshebdo.fr/weblog/webLogComments.aspx?idTxt=113&id=19
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Hier La littérature poste un message et rebondit sur un article paru dans Télérama et qui cite Michel Melot. Oh là, ça devient compliqué mon affaire. Place à la citation.
Citation: | "Nathalie Crom appuie notamment son analyse sur les rencontres Livre 2010 du CNL et cite ces propos de Michel Melot, ancien président du Conseil supérieur des bibliothèques :
"L’écran induit un nouveau mode de lecture, discontinue, fragmentée – différent de la lecture d’un livre, objet clos, « dont les qualités propres sont la linéarité, la stabilité, la capacité à capitaliser un certain savoir à un moment donné », estime Michel Melot."
Ce nouveau type de lecture, "discontinue, fragmentée", créera une nouvelle écriture, et, au final, un nouveau type de littérature. Je vois une montée en puissance des fragments, des haïku (les vrais), des carnets de notations, des aphorismes. Par exemple le travail de Pascal Quignard, dont ressortent ces jours-ci en Folio les deux derniers volumes de son Dernier Royaume (voire un retour de Joseph Joubert, auteur bien oublié).
Sur Internet, de tels écrits existent sûrement déjà, lapidaires, elliptiques, construits en creux, malgré tout romancés, parfaitement adaptés à la lecture quotidienne rapide à même l'écran."
http://lalitterature.blogspot.com/2007/03/une-nouvelle-lecture-crera-une-nouvelle.html
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L'idée fait son chemin. Et je m'en vais la suivre en consacrant ce fil à une petite revue de presse autour de ces questions.
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[MODE OFF] Je corrigerai en ajoutant tous les liens nécessaires.[/MODE OFF] _________________ Quoi ?!
Dernière édition par Tèf le Jeu Mar 29, 2007 4:58 pm; édité 2 fois |
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Jam Invité
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Posté le: Mar Mar 27, 2007 10:16 pm |
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Heureuse initiative que cette revue de presse !
Il paraît que Cromagnon et Néanderthal ont cohabité quelques milliers d'années, alors pourquoi pas le papier et la toile ! Je n'irais pas jusqu'à dire que l'un vaut mieux que l'autre mais tous deux ont le droit d'exister et de vivre en bonne entente.
Bonne chance pour cette revue de presse sur laquelle je reviendrai. |
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Tèf pianoteur à deux doigts

Inscrit le: 20 Déc 2004 Messages: 676
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Posté le: Mer Mar 28, 2007 10:46 am |
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Salut Jam,
L'enjeu va au delà du support écran ou papier ; il est plutôt de déterminer ce que l'écran/l'ordinateur/le réseau modifient dans la création même.
L'histoire de la littérature est parcouru d'évolutions techniques, de la tablette d'argile au journal en passant par le codex. Et chaque fois le support a une influence sur les structures de récit. De fait, le net n'échappe pas à cela. Et si jamais son essor se poursuit, alors la littérature qui l'utilise comme espace de création en sera (est) affectée.
C'est un peu l'idée de ce fil de discussion. Suivre le "bruit" qui court sur ces questions.
Par exemple, écrire sur un blogue, qu'est-ce que ça peut changer ?
Surtout quand on se met à y faire de la littérature.
Certains se contentent d'un journal littéraire, d'autres vont utiliser la bestiole pour faire autre chose. Et là, avoir à travailler un billet, ou note, ou message comme unité de textes et de sens, et non plus un chapitre. La manière dont le tout se mêle pour faire une macro-unité ou un fatras. La souplesse de la lecture (pas forcément linéaire). L'intégration de photos et le rapport texte/image. Tout cela modifie peu ou prou la structure des oeuvres.
A ce jour, ces veines de littérature restent confidentielles mais demain, qui sait ? _________________ Quoi ?! |
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Tèf pianoteur à deux doigts

Inscrit le: 20 Déc 2004 Messages: 676
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Posté le: Sam Avr 14, 2007 1:27 pm |
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Une envie de liste... succincte.
Des projets littéraires sur le Net devenus livres
(et qui conçoivent le net comme un espace de création et non seulement de diffusion) :
Des livres et leur version électronique
(avec la participation de l'auteur lui-même)
Versions électroniques de textes du domaine public
Ebauche à terminer ! _________________ Quoi ?!
Dernière édition par Tèf le Ven Juin 15, 2007 9:48 am; édité 2 fois |
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Tèf pianoteur à deux doigts

Inscrit le: 20 Déc 2004 Messages: 676
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Posté le: Jeu Mai 31, 2007 9:02 am |
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Citation: | "Cependant, l'espace littéraire qui a le plus profité des possibilités nouvelles qu'offre le numérique et sa diffusion par Internet est certainement la poésie. Non seulement parce que nombre de poètes ont trouvé là un moyen inédit de diffusion permettant de corriger les carences de l'édition traditionnelle dans ce domaine mais, bien davantage, parce que les poètes les plus contemporains ont enfin à leur disposition des outils de production et de diffusion leur permettant de réaliser certains des rêves esquissés par leurs prédécesseurs. L'état des technologies, à leur époque, ne permettant de produire que des approches relativement rudimentaires en deçà de ce qui est expressivement perceptible dans les œuvres que nous connaissons".
Jean Pierre Balpe, dans un article du magazine électronique du CIAC sur "The Sweet Old Etcetera" d'Alison Clifford.
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_________________ Quoi ?! |
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Tèf pianoteur à deux doigts

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Posté le: Mer Juin 20, 2007 12:39 pm |
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François Bon a écrit: | "Les nouveaux appareils à lire vont évidemment changer considérablement la donne. J’avais été surpris par la confiance tranquille de la mission Livre 2010, qui disait que l’écriture utile passerait au numérique, tandis que la littérature, écriture loisir (merci) resterait ancrée sur le livre graphique. A nous de prendre en main notre présence dans la circulation numérique : nos éditeurs proposeront des versions numériques, on y est prêt. Mais à nous de proposer aussi des textes écrits pour ce format : y importer la vieille fonction du littéraire, qui est de mettre en réflexion le langage et le monde."
Lire l'intégralité de l'article
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_________________ Quoi ?! |
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Tèf pianoteur à deux doigts

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Posté le: Mer Oct 17, 2007 2:43 pm |
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"L'écrit et l'écran, une révolution en marche", discours de Roger Chartier au Collège de France, publié dans Le Monde le 13 octobre.
Un passage parmi d'autres, juste pour le plaisir de la citation :
Citation: | Le livre électronique ne donne plus à voir par sa forme matérielle sa différence avec les autres productions écrites. La lecture face à l'écran est une lecture discontinue, segmentée, attachée au fragment plus qu'à la totalité. N'est-elle pas, de ce fait, l'héritière directe des pratiques permises et suggérées par le codex ? Celui-ci invite, en effet, à feuilleter les textes, en prenant appui sur leurs index ou bien à "sauts et gambades" comme disait Montaigne, à comparer des passages, comme le voulait la lecture typologique de la Bible, ou à extraire et copier citations et sentences, ainsi que l'exigeait la technique humaniste des lieux communs. |
+ Roger Chartier : "Lecteurs et lectures à l'âge de la textualité électronique", lors du colloque text-e, 2001.
+ Virginie Clayssen évoque l'intervention de Roger Chartier au forum de la Sgdl, mardi 09 octobre. Virginie résume bien le point de vue général de Chartier, à savoir ~faudrait pas que la numérisation empêche à la conservation des documents papiers~. _________________ Quoi ?! |
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Marc Galan Invité
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Posté le: Sam Oct 18, 2008 8:43 am |
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En tout cas, la lecture sue e-reader (Iliad) est très agréable et n'a pas les inconvénients de celle sur écran. Par ailleurs, l'auteur va devenir l'interlocuteur du lecteur sans passer par les multiples intermédiaires-formateurs. Un progrès énorme.
Et qu'on ne me parle pas de l'importance d'être édité par un pro, qui rend le bouquin meilleur. J'ai en main un livre où il y a près de 70 coquilles. Or, j'ai vu le manuscrit de l'auteur, où ces fautes n'existent pas. Belle amélioration ! |
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